Domaine de la Vougeraie

Un vin de messe :

Vougeot 1er Cru Le Clos Blanc de Vougeot monopole du domaine de la Vougeraie

Ce souvenir m’amuse encore, j’avais à peine 10 ans et j’étais enfant de chœur dans une petite chapelle, récemment construite dans les années soixante. Vous savez, l’une des fonctions de l’enfant de chœur est le service du vin pendant l’eucharistie. Le prêtre boit le sang du Christ mais, depuis un concile de 1250, je crois, afin de faciliter le travail des lingères et ne plus faire de taches, on sert du vin blanc. Ce jour là, il y avait un curé remplaçant, et moi j’ai servi la dose habituelle (celle qui correspond à ce que je sers aujourd’hui dans les séances de dégustations, soit environ 5 cl). Le prêtre m’a alors fait comprendre, en tendant le calice en direction de la burette, que le Christ n’avait jamais dit « dégustez, ceci est mon sang », mais, comme il est bien noté dans les écritures « buvez, ceci est mon sang ». La dose dégustation ne suffisait pas !

Je ne sais pas si ce souvenir a un lien avec mon amour pour le vin mais je crois bien que c’est enfant de chœur que j’ai servi du vin pour la première fois. Je peux confesser sans peine que je n’ai jamais fini aucune burette car ce que j’y ai connu n’était pas ce dont je vais vous parler maintenant. En effet, il y a beaucoup de vins qui ne m’auraient jamais rendu amateur et c’est une formule qu’il m’arrive encore d’employer aujourd’hui. Les moines qui avaient toutes les vertus pour délimiter les terroirs de Bourgogne savaient ce qu’ils faisaient en plantant cette vigne blanche à côté du Clos Vougeot. Le sol y est particulièrement calcaire. A côté de ce grand clos, fait unique en Bourgogne qui réunit dans une même enceinte des terroirs sensiblement différents, se trouve un vin confidentiel qui n’avait au départ pour destin que d’être servi à la messe !

Pour passer de la confidentialité à la renommée, il a fallu la volonté de la famille Boisset qui a réuni ses meilleurs terroirs sous le nom de domaine de la Vougeraie, en référence à la Vouge qui coule à Vougeot. Avec Pascal Marchand en 1999 puis Pierre Vincent, le Vougeot 1er Cru Clos Blanc de Vougeot Monopole est devenu le fleuron de l’un des plus grands domaines de Bourgogne. Tous les moyens ont été mis en œuvre en commençant par le plus grand respect du sol, labouré avec un cheval et de la vigne à laquelle on a appliqué les principes de la biodynamie. Le vin est élevé en fûts avec une partie de fûts neufs dont la majorité provient des chênes de la forêt de Cîteaux, en hommage aux moines de l’abbaye.

Le vin ne se livre pas facilement, on peut même dire qu’il est réservé, voire monacal ; d’une pureté cristalline sans manquer de matière avec un fond très minéral du côté de la craie et une fine pellicule de glycérol sans que l’on puisse dire qu’il est rond. Quelque chose de l’ordre d’un plaisir contenu, retenu, ou d’une rigueur quelque peu adoucie. Tout cela est discret, le travail est accompli et il ne faut pas en dire trop ni être trop démonstratif. Baissons la tête, restons humble devant l’éternel et mesurons doucement notre chance. Dieu seul le sait et la messe est dite !

Notre dégustation :

D’un bel or aux reflets verts, la robe brille. Le nez est franc, précis, d’une grande pureté, doucement minéral mais aussi complexe. Très présent, délicat et long. La bouche est cristalline, d’une douce intensité, droite, pure. On pense au coté cistercien mais sans austérité. Un vin de messe ? demande Hubert. De bonne conscience ? interroge Marielys. Martial répond que si le vin ne se livre pas facilement on se régale quand même. Du minéral bien emballé et avec de l’énergie !