Essayer de consolider l’éphémère, voilà ce dont je vous faisais part avant les vacances.
Vous vous en êtes aperçus, les vacances l’ont aussi été… éphémères ! Chacun essaie de se raccrocher à quelque chose la semaine de la rentrée et ce n’est sans doute pas un hasard si les foires aux vins fleurissent à cette époque. Mais ce n’est pas mon propos aujourd’hui, même si un ami journaliste qui s’interroge sur la notion de millésime me faisait remarquer que la majorité des vins achetés l’étaient en grande surface et avaient une durée de vie (ou de garde comme vous voudrez) de deux jours !
Je ne vous raconterai pas non plus qu’en bon dijonnais, j’ai eu en tête toute la semaine dernière le concert de rentrée, vécu au-delà de la musique avec la perspective d’un apéritif très gourmand chez des amis que je qualifierai de fidèles et de bien placés (mais pas dans le sens auquel vous pourriez penser).
Non, c’est un autre réflexion que je vais vous livrer à partir de ce qui m’est arrivé en ce début de semaine. C’est bien connu, le lundi est un mauvais jour, et il commence même pour beaucoup le dimanche soir ! En ce qui me concerne, ce lundi, j’ai dû me résoudre à un traitement antibiotique et, dans un autre domaine, me rendre à une cérémonie qui, à priori, n’avait rien de réjouissant. J’ai pensé au paradoxe contenu dans le mot « antibiotique » et une semaine de diète, même si ça va plutôt dans le sens du renoncement, je vous l’accorde, je pourrai m’en remettre… Pendant la cérémonie que j’ai trouvée remplie d’humanité en particulier par les mots qui ont été échangés, j’ai pensé au mot « souvenir » et au plein sens qu’il prenait pour moi à ce moment là.
J’ai aussi eu l’occasion de retrouver une ancienne amie, un peu perdue de vue ; elle est issue d’une famille de vignerons et elle est artiste plasticienne de métier. Au-delà des nouvelles et des souvenirs échangés, nous avons évoqué la transmission entre les générations, et j’ai cru déceler chez elle une sorte d’ambivalence dans son rapport au vin ; ce dont elle s’est défendue en me disant qu’elle aimait le vin mais qu’elle n’y connaissait rien. Je suis toujours étonné quand quelqu’un me dit comme pour s’en excuser qu’il ne connaît rien au vin. Je trouve que c’est très respectable mais je ne peux m’empêcher d’exprimer un désaccord avec cette idée. Sur un ton très différent, un ami vigneron me disait il y a quelques jours qu’à son avis, pour pouvoir parler du vin, il fallait être vigneron ! Voilà qui me rend encore plus perplexe.
Je pense maintenant que j’aurais pu dire à mon amie que je n’y connais rien en art et qu’en matière de vin, je dois être comme ce que disait L du psychanalyste, l’être supposé savoir. Vous commencez à me connaître pour repérer qu’en matière de certitude, perplexité, paradoxe, illusion… Je m’y connais !
Dans la discussion, nous avons eu la surprise de découvrir que nous avions chacun « fait » un livre et j’ai été touché qu’elle me propose que nous nous les échangions.
J’ai toujours aimé les échanges !
Martial Jacquey – Passionné de vin
Le 09 SEPTEMBRE 2011