Le titre de mon dernier billet d’humeur me fait un drôle d’écho. Il faut reconnaître que le monde est particulièrement tourmenté en ce moment. Que de massacres ! Je me dis que, finalement, nous sommes davantage habitués à ceux perpétrés par les hommes avec lesquels on peut toujours faire semblant de ruser, que par ceux qui nous viennent de la nature. Je me demande aussi pourquoi, malgré la proximité géographique, nous (européens, français, bourguignons) sommes peut-être moins sensibles au drame vécu par le peuple libyen que par celui vécu par le peuple japonais. En ce qui me concerne, je peux apporter une modeste réponse qui est une sorte d’aveu presque coupable : je n’ai pas d’ami libyen alors que j’ai plusieurs amis japonais.
Il y a sans doute plusieurs raisons à cela et je laisse chacun à sa propre réflexion. Aussi, sans vouloir être réducteur, je ne vais pas philosopher sur ce sujet bien complexe.
Vous l’avez compris, la transition ne va pas être facile et le meilleur des vins peut parfois avoir un goût amer.
Le vin est comme l’être humain : pour donner le meilleur de lui-même, il faut qu’il soit dans une bonne ambiance. On pourrait dire, en poussant un tout petit peu, il faut qu’il soit dans un climat favorable. Certains d’entre-vous me voient venir avec cette notion de climat et du projet d’inscription des « climats du vignoble de Bourgogne » au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Je vous laisse consulter le site www.climats-bourgogne.com et je vais m’arrêter sur un des cinq objectifs de ce projet : sensibiliser la population à sa valeur exceptionnelle. A ce sujet, je veux rendre hommage à nos amis japonais car ils ont été les premiers à participer à cette reconnaissance, c’est à croire qu’on leur enseigne les terroirs ou les climats bourguignons à l’école.
Ils me pardonneront d’osciller entre gravité et humour. Parce que, ce que j’avais l’intention de vous dire, c’est que dans notre beau pays, nous progressons dans ce domaine. Je vais même vous livrer un scoop. Chacun sait que nous avons un président dynamique, toujours prêt au respect des valeurs républicaines, au partage et à la fraternité, je ne retiendrai que cela pour ne pas trop délayer. Notre cher président est parti dernièrement en croisade pour défendre lesdites valeurs, celles de notre histoire et de notre patrimoine. Mais comme c’est un homme discret et modeste mais néanmoins malin, je pourrais presque dire intelligent, il a commencé son parcours au Puy en Velay. Moi qui aime aussi les lentilles et la verveine, je me suis renseigné sur la suite de son chemin. Vous vous doutez que cela n’a pas été facile mais j’y suis arrivé, et je ne suis pas peu fier de faire sensation en vous annonçant ce scoop : la prochaine étape de ce grand voyage culturel de défense de notre histoire et de notre patrimoine se déroulera le vendredi 8 avril, à partir de 19h00, lors de la marche des climats qui partira de Chambolle-Musigny pour aller jusqu’au Clos de Vougeot avec les bougies et tout. Ce sera très beau et je suis sûr que le président fera un discours qui nous fera vibrer, nous rendra fiers d’être bourguignons, français, européens. Peut-être même qu’il nous promettra, enfin s’il est sûr de pouvoir tenir, une bouteille de bourgogne certains dimanches pour accompagner la poule au pot. Je dis certains dimanches parce que je sais qu’il n’est pas excessif mais mesuré et qu’il faut aussi manger autre chose que de la poule au pot, et découvrir d’autres vins. Et puis, en Bourgogne, nous aimons partager et échanger et nous trouvons normal qu’après cette marche, le président continue son chemin et aille voir ailleurs. Nous comprenons que le président ait autre chose à faire que de s’occuper de nous, surtout que nous ne sommes pas les plus malheureux
Cela va encore faire un bien fou de se sentir en phase avec son pays et de sentir son pays en phase avec l’humanité, même s’il faut aussi éprouver cette tristesse et ce désarroi ; et un bon verre ne peut pas toujours nous faire oublier les malheurs de ce monde.
Martial Jacquey – Passionné de vin
Le 16 mars 2011